Virginia Woolf, Viviane Forrester
Lu laborieusement la biographie de Virginia Woolf par Viviane Forrester.
Une structure en différentes parties, qui analysent successivement Mr Woolf, l'arrière-plan familial de Virginia jeune fille, sa vie de femme mariée entourée des amis de Bloomsbury...
Du rapport créatif entre VW et son oeuvre, il est finalement peu question. Pour la postérité qui cherche dans une biographie quelques éléments de réflexion, qu'attendre ? VW n'était-elle pas avant tout un écrivain ?
Certes, le choix structurel montre bien l'atmosphère parfois pesante, les entraves de VW, mais pourquoi rester focalisée, lourdement et avec insistance - sans non plus craindre les redites - sur l'arrière-plan familial ? Une impression de foissonnement, de scintillement dans toutes les facettes de la personnalité de VW, dans tous ses écrits - étouffée par une description qui intéresse finalement peu. Le cadre occulte la peinture !
Et pourtant, souterraine, V. Forrester sent bien l'omniprésence, la fascination de l'eau... et cela fait sens, un lien entre la vie et l'oeuvre. On aimerait que le reste de cette biographie montre davantage de connexions, de pertinences entre ces deux mondes...
Une citation qui m'a plue, décrivant à merveille (à mon sens) le rapport entre le lecteur et l'écrit :
"Ce que nous absorbons dans une oeuvre provenue des affres, des délices éprouvés par un, par une autre et jeté nu, à cru, dans la pire indécence et dont nous subissons l'extrême enlacement, compense-t-il l'exploration de la perte qui a parfois dévasté, ravagé autant qu'enivré cet ou cette autre - à notre place, à notre profit ?"
Ed. Albin Michel, p. 12